Je reste suspendu aux dernières nouvelles.
Est-ce que le pays sera redevenu assez stable pour permettre à nouveau le tourisme ?
Il serait bien dommage de ne pas voir le Machu Picchu, le lac Titicaca, lors un road trip en Amérique Latine ...
A suivre, et je reste optimiste. ET j'ai raison. Le pays est plus calme, et le tourisme a repris.
Je prévois de rester un mois au Pérou, 10 jours dans le Nord, 1 semaine en Amazonie chez la Papari Samiri, et 2 à 3 semaines dans le sud ... Mon voyage - pour une fois - est très organisé ... Une française, établie au Pérou depuis 15 ans, rencontrée virtuellement sur Facebook, m'aura aidé. Pour le Macchu Picchu, la traversée du désert du Salaar, l'Amazonie, etc..., il faut réserver bien en avance ... Je me sens, du coup, un peu coincé, ou moins libre, de trainer comme je le veux, d'un autre côté, je ferai une grande partie de ce pays.
A suivre ...
Finalement, ce qui aura été le plus important ne sera pas la politique, mais les phénomènes climatologiques. Un tremblement de terre qui a touché le sud de l'Equateur et le Nord du Pérou, le cyclone El Nino qui a sévi pendant 10 jours amenant avec lui des pluies diluviennes, ont failli m'empêcher de rentrer au Pérou.
J'ai de la chance, tout s'est calmé la veille de mon arrivée !!! Et j'ai pu voir les conséquences de ces évènements ...
Départ Quito en Equateur ... par avion jusqu'à Cuenca au sud, d'où partent les bus pour le Pérou. Pourquoi pas l'avion de Quito au nord du Pérou ? Parce qu'il n'y en a pas !!!
Le terminal de bus avec ses boutiques ... sandwiches et bonbons de toutes les couleurs.
Voilà, je suis installé dans mon bus Grand Confort (je ne lésine pas !!!) où les sièges se couchent à 160° (la classe en dessous, c'est 140 ° !!!). Je suis parti pour ..... 18 heures de bus, mais je ne le saurai qu'à l'arrivée !!!
Il est 21 heures ... Il est temps de s'allonger et essayer de dormir. Bien sûr, comme d'habitude, même pour un bus direct, il va s'arrêter pour prendre quelques passagers de plus.
Le bus, en fait (contrairement au trajet Google) ne va pas au plus court vers le nord du Pérou, mais rejoint au plus vite la côte, avant de descendre vers le sud. C'est pour limiter la route de montagne, et sa multitude de virages (Cuenca est à 2 500 mètres d'altitude ).
Le trajet se fait .... au milieu d'une région dévastée par les pluies, difficilement parfois ...
Vers 3 heures du matin, arrêt du bus, les lumières s'allument, nous sommes arrivés au poste frontière ... Les yeux encore vague, je découvre un bâtiment très décrépi, ressemblant plus à un hangar qu'un poste de douane ! A l'intérieur, 2 personnes en uniforme, côte à côte derrière une vitre (Covid oblige), sur une estrade assez haute. Derrière eux, une pancarte "Ecuador Salida" pour le premier, et "Peru Ingreso" pour le second. Je suis le premier de la file ... je tends mon passeport au premier - le temps de le scanner, chercher le tampon d'entrée, et mettre un nouveau tampon -, il me rend mon passeport que je remets immédiatement à son voisin ! Un tampon, et me voici officiellement au Pérou.
Finalement, tout va assez vite, et le bus repart.
Quelques heures plus tard ..... c'est long .... me voici arrivé à Chiclayo, première étape de mon voyage au Pérou. J'aurais pu m'arrêter un peu plus au nord pour voir les plages, mais il faut que j'avance dans mon voyage.
CHICLAYO ... ville de 800 000 habitants, sans grand intérêt. Elle n'a jamais été colonisée par les Espagnols, donc, pas de centre ville ancien, pas de beaux bâtiments.
Première impression du Pérou ... C'est un pays très différent des pays que je viens de faire en Amérique Latine. J'ai l'impression de me retrouver en Afrique : les trottoirs et beaucoup de routes sont en terre, poussière à volonté, les maisons ne paraissent pas terminées, briques apparentes, une foule qui semble désordonnée, des bidonvilles aux abords des villes. Et d'une manière générale, le pays semble plus sale que l'Equateur, par exemple, qui est un exemple de propreté (y compris dans les toilettes d'un café quelconque).
Chiclayo : au départ, j'avais pensé y faire une halte simple avant de continuer ma route vers Trujillo (plus au sud). Et je me suis aperçu qu'aux alentours de la ville, un site m'attend : la tombe du Sénior de Sipan ... Une petite nuit, je booke un tour, et le lendemain, me revoici dans un minibus pour un premier contact avec l'histoire du Pérou.
Compliqué, malgré tout, d'autant plus, comme je le verrai plus tard, chacun se crédite d'autres spécificités ... Et ça, ce n'est qu'une toute petite partie du Nord Ouest ...
Le Sénior de Sipan : une pyramide enterrée a été découverte vers 1902 par un allemand (beaucoup d'allemands ont fait des fouilles au nord du Pérou). ET dans cette pyramide, il y a trouvé beaucoup tombes intactes; à l'heure actuelle, il reste des tombes encore enfouies, non mises au jour.
Petite histoire de la découverte : des bergers ont remarqué dans les excréments de leurs chèvres des fragments d'or (ça brille !!!), et ont cherché d'où cela venait. Enquête sur un troupeau de chèvres ... et, voici le trou au trésor. Ils découvrent la première tombe, la pille, bien évidemment. La police l'apprend et ferme le site. Nous sommes en 1900.
Heureusement, les bergers n'ont pas cherché plus loin, car à 10 mètres se trouvaient les autres tombes, dont celle du Seigneur de Sipan ... tombes qui ont été retrouvées intactes, avec tout leur contenu.
C'est une pyramide qui s'est construite au fil des siècles ( 200 à 900 après JC, environ). Les premiers morts ont été enterrés au plus bas, puis au niveau au-dessus, les morts suivants, etc... jusqu'à la dernière tombe. Aujourd'hui, seuls les 3 niveaux supérieurs ont été fouillés, restent 4 ou 5 niveaux plus bas.
3 musées se sont ouverts pour présenter les pièces retrouvées dans les tombes. On y voit les momies, les céramiques, les ossements, les masques, colliers, etc... ET comme précise la guide à chaque fois, ce sont les originaux. J'ai pu voir de vraies momies, avec tous les os, crânes, etc...
Très beaux musées qui montrent à quel point les indigènes de cette époque étaient très habiles manuellement.
Petite histoire de la mort du Roi, Seigneur ou autre notable : la mort pour ces indigènes (comme pour tous ceux que je vais découvrir ensuite) n'est qu'un voyage vers un autre monde. Il faut donc le le Seigneur puisse trouver son chemin et s'installer dans ce nouveau monde. Donc, lorsque le Seigneur meure .... vont l'accompagner dans son voyage vers ce nouveau monde : sa femme, quelques unes de ses meilleures concubines (il pouvait en avoir jusqu'à 90 dans sa vie sur terre), son meilleur garde du corps, un enfant (pour constituer une famille et une descendance), un chien (pour lui montrer la route), un Lama (pour porter les affaires), des pots de céramique plein (il faut se nourrir sur la route), des ustensiles de cuisine, tous les apparats du seigneur (très nombreux, souvent en or, et qui sont empilés sur le corps), et des coquillages ramassés à 20 mètres de fond, nourriture des Dieux, etc...
La vraie tombe avec les ossements ...
Lorsqu'une concubine ne voulait pas accompagner le Seigneur, elle était décapitée !!!
On suppose que plantes très hallucinogènes aidaient à passer dans l'autre monde.
Et El Señor de Sipan alors ??? Le voici, avec sa cour, son épouse ...
Quelques attributs du Señor (voir la finesse du travail !) :
ET voilà comment j'ai commencé mon éducation culturelle péruvienne.
La Vie vue par les Mochicas
Les céramiques (retrouvées dans les tombes)
Pendant les premiers 1500 ans, ont vécu au Pérou de nombreuses tribus, dont beaucoup aujourd'hui se sentent les descendants directs, portant fièrement des noms très anciens.
Des années 100 à 1200 environ, toutes ces tribus - plus ou moins fortes - ont vécu conjointement, vivant du commerce entre elles. En 1 200, l'expansion des Incas a bousculé cet équilibre ... Les Incas se sont imposés sur 13 000 kms le long de la côté pacifique (toutes les Andes et la côte à l'ouest de l'Amazonie). Les Incas ont fait la guerre -parfois très longuement, plus de 40 ans pour asservir les Mochilas - et se sont finalement imposés.
Dans les années 1 500 les espagnols sont arrivés, ont chassé les Incas, ont imposé la religion chrétienne, et peu à peu les vie indigène a disparu.
Maintenant, vous voici au fait de l'Histoire péruvienne.
La suite ... TRUJILLO ... 5 heures de bus, et me voici sur un site tout aussi intéressant : la ville des CHAN-CHAN (c'est la 2éme plus grande ville ancienne au monde - années 200 à 900 environ - la 1ére est en Iran).
Chan-Chan, une grande découverte (merci les allemands), une ville installée près d'un volcan (qui représente la Divinité), très organisée. On y retrouve - enterrés - toute la structure, les murs, les palais, ... Le Palais du Seigneur fait environ 500 m sur 500 m et comprend la Cour d'honneur, les "bureaux" où chacun venait porter ses impôts, les salles d'offrandes (avec l'autel pour les sacrifices), les appartements du roi et de son épouse, leur cour privée, et de l'autre côté de la cour, les logements des concubines (90), et enfin, une partie réservée à la mort du Seigneur (une cour, plus les salles d'embaumement).
Sur la photo en bas à gauche, on peut voir différentes pièces qui servaient à récolter les impôts. Chaque villageois suivait un circuit spécial (qui ne passait pas par les parties nobles) et venait déposer d'abord son dû, ensuite son obole. Afin qu'il ne se trompe pas de "bureau", était dessiné en bas des murs des symboles auxquels il se référait ... Très bien organisé ! Nous sommes dans les années 200 après JC.
Lorsque le Seigneur mourrait (je ne reviens pas sur ceux qui l'accompagnaient .... je suis sûr que vous avez bien suivi l'histoire !), le Palais était vidé, et fermé à jamais. Le nouveau Seigneur (un fils) se construisait un nouveau Palais ... Et ainsi de suite. On a découvert 14 palais sur le site !
Tous les ans, toutes les momies étaient exposées, et les villageois devaient déposer des offrandes à chacune de momies - offrandes que le vivant + les prêtres récupéraient !
Sur 100 % de production, une famille donnait 30 % d'impôt, 40 % d'offrandes, et vivait avec les 30 % qui lui restait ! Pourquoi ???? les seigneurs laissaient à peine de quoi survivre aux villageois afin qu'ils soient obligés de travailler, et ne pouvaient pas manifester (ça me rappelle quelque chose !!!).
Il y avait une assemblée qui se tenait dans une cour du Seigneur. Chaque Chef de "tribu" se tenait dans une alcove, le Seigneur au bout de la cour.
IMPORTANT : il y avait des Seigneures ... des tombes de Seigneures ont été retrouvées, en particulier celle de la Seigneure de Cao. Les espagnols ont aussi laissé des écrits "ces pauvres hommes qui se laissent gouverner par les femmes" ....
Mon tour n'est pas fini, et sous la chaleur écrasante (39 °), dans un paysage qui s'apparente au désert, nous continuons nos visites par le Temple Huaca de la Luna. (Merci les allemands encore). Un temple pyramidal (beaucoup de similitude avec les égyptiens) qui a abrité les grandes cérémonies, sacrifices (humains bien sûr), et qui a comme particularité d'avoir gardé une partie des couleurs qui le recouvrait.
Et le Dieu de la Luna ...
J'ai bien gagné un petit restaurant ... sur la plage où se trouve encore des pécheurs utilisant des barques en osier ! Là où j'ai été un peu déçu, à l'intérieur, c'est du polystyrène (ou comment garder ses coutumes ancestrales en utilisant les facilités d'aujourd'hui !!!). Le pécheur ne se met pas dans le "trou" mais sur les flotteurs à l'avant, le trou servant aux filets.
Fort de toute cette nouvelle culture que j'apprends, je continue mon voyage.
Quelques vues de Trujillo avant de partir, ville espagnole (pour info, les villes étaient nommées par les espagnols en fonction de leur ville d'origine en Espagne. Les habitants de Trujillo Espagne devaient être de grands conquérants, car il existe de nombreux Trujillo en Amérique latine) :
L'image en bas à gauche montre la vaccination contre le Covid : une infirmière, des vaccins, et ceux qui veulent font la queue pour se faire vacciner. Aucun document, aucun recensement.
Retour à Chiclayo dans la journée - 5 heures de bus - pour reprendre un bus de nuit (normalement 9 heures - réalité 13 heures) pour Chachapoyas, petite ville au bout du monde, où d'après mon guide, de belle choses sont à découvrir ...
Une salle d'attente (encore) et mon siège avec mes petits rideaux pour m'isoler !!!
Désolation sur la route, moitié de route emportée, ou moitié de route ensevelie sous les glissements de terrain ... Ca me rappelle ce qui s'est passé au-dessus de Nice ...
CHACHAPOYAS : 30 000 habitants, 2 600 mètres d'altitude, une rue piétonnière et pas grand chose à voir ... Je décide dès l'après-midi (après ma bonne nuit de bus) d'aller voir la Cascade de GOCTA (le nom est celui de l'allemand qui l'a faite connaître !!!). Apparemment une balade sans histoire : 1 heure de voiture pour y aller, 2 heures de marche aller (avec 2 fois 300 mètres de dénivelée en + et -), et 2 heures pour revenir ... Puis 1 heure de voiture .. Très fatigant, d'autant plus que j'ai eu droit à une pluie battante pour m'accompagner ... Je suis revenu plus trempé que si j'étais passé sous la cascade ...
A gauche, la cascade de Gocta, la 3éme cascade la plus haute du monde - 778 mètres de dénivelé. A droite, une cascade éphémère due à la pluie très abondante.
Le lendemain, un tour pour aller voir les sarcophages dans la montagne et les maisons accrochées à flanc de montagne. Années 100 à 1200 environ ... Là encore beaucoup de marche avec beaucoup de dénivelée. La voiture nous dépose en haut de la montagne, et ensuite nous descendons le long des flancs de la montagne, très très raides (un sentier de chèvres aménagé), 650 mètres de dénivelée, à remonter ensuite, bien sûr !!! Pour voir la vallée des los muertos. Ce sont des maisons à flanc de montagne, creusées dans le roc, qui ont été habitées sur une période de 1000 ans (par des familles ou des personnes qui voulaient se retirer, recueillir, ou ????) Impressionnant !
Là déjà quelques sarcophages dans des anfractuosités de la montagne.
Autre lieu KARAJIA, où je verrai des sarcophages plus grands (1,70 à 2,0 m), et peints. Ce seraient des notables dont les momies ont été déposées là, face à la vallée pour continuer à la protéger, certainement des prêtres ou seigneurs. Comment ont-ils réussi à les amener ici ? A priori, la momie a été amenée avec du bois, dans une anfractuosité où se trouvait de l'argile, et la coque a été fabriquée sur place. Ensuite tout l'accès a été démonté pour protéger les sarcophages. Il n'y a que la momie dans les sarcophages (elle y est toujours !)
Chachapoyas est un village qui ne m'a pas emballé. Chaque visite, c'est 1 à 2 heures de voiture, plus la marche "sportive". Je quitte le village ..... un dimanche, Oh malheur ! il n'y a qu'un minibus pour rejoindre Tarapoto, porte de l'Amazonie ...
Bon, c'est parti pour 9 heures de minibus ! J'ai de la chance, nous sommes dimanche, peu de circulation et nous ne sommes que 5 passagers dans le bus. 7 heures plus tard, arrêt à Moyobamba, et le bus se remplit à fond !!! Là, je peux pleinement apprécier la chance que j'ai eue, les 2 dernières heures sont loooongues !!!
L'avantage de faire le trajet de jour : voir les paysages des Andes
Arrivé à Tarapoto comme une sardine en boite, je prends un mototaxi (Tuk-Tuk ailleurs), mais il ne sait pas où se trouve mon hôtel .... Après 40 minutes, nous partons et ...... arrivons à l'hôtel !
Demain, départ pour l'Amazonie péruvienne ....
De Tarapoto à Lagunas ... 4 heures de voiture (des travaux sur la route nous arrêtent sans cesse) + 2 heures d'attente à Yurimaguas (mais il faut arriver en avance car le bateau peut partir avant l'heure !!!) + 5 heures de bateau .... Voilà j'y suis.
Et le port de départ ... Un port de fleuve avec ses bateaux rouillés, ses routes en terre ..
Départ 3 heures de l'après-midi (finalement nous sommes partis bien à l'heure) + 5 heures de bateau (en fait, nous n'en ferons que 4 - le sens du courant certainement qui nous a aidés) = 7 heures du soir et il fait bien nuit à l'arrivée.
L'avantage, je ne vais pas rater le coucher de soleil sur le fleuve
Tant que nous sommes sur l'eau, petit cours de géographie ... Je vais dans la réserve Pacaya Samiria qui est un grand triangle constitué par ces 2 fleuves le Pacaya et le Samiria qui se rejoignent pour former l'Amazone (donc l'Amazone n'a pas de source).
Mais une petite carte parlera mieux : l'Amazone est en haut à droite (ne cherchez pas, on ne le voit pas !). Et moi, je suis là où est le triangle jaune
Revenons sur terre, et j'arrive à l'hôtel. C'est Coralie, une bretonne exilée qui s'est installée ici avec son compagnon, et qui nous reçoit très sympathiquement dans leur maison d'hôtes (plus qu'un hôtel). C'est la seule étrangère ici !!!
Et le village ? Le voici
Avec son marché, où chacun vient vendre la production de sa "ferme", donc peu de chose
Allez une douche (froide), une nuit dans un lit confortable, et à 8h00 mon guide vient me chercher.
Quelques formalités administratives : le numéro de passeport pour les étrangers, ou celui de la carte d'identité pour les nationaux est noté systématiquement : lorsqu'on prend le bus, en rentrant dans une réserve, et même lorsqu'un national achète quelque chose (par exemple, en France, Carrefour noterait le numéro de notre CNI lors du passage en caisse !!!)
Un petit déjeuner
La mototaxi est chargée, nous partons pour 45 minutes de piste pour atteindre le bord de notre rio.
Encore une petite carte pour expliquer le trajet, et tant qu'à faire un photo de l'agence de l'extérieur et de l'intérieur.
Sur la carte, la flèche pour indiquer le départ, et les petites lunes pour les pauses de nuit .... 4 jours, 3 nuits (une à l'aller + une au bout + une au retour à l'endroit de la veille).
En tout, une vingtaine de km aller, dans le sens du courant, et 20 km au retour contre le courant.
Et voilà mon moyen de transport chargé pour les 4 prochains jours (moustiquaire, draps, bananes plantain, riz, pâtes, eau ...)
Le guide monte à l'avant, moi à l'arrière devant le sac rose et blanc. ET il y a bien une 2ème pagaie pour moi !!!
Et c'est parti ...
Petite explication, car pourquoi en canoë ??? A cette époque de l'année, tout le parc est entièrement sous l'eau (1 à 2 mètres d'eau), et il n'y a pas de terres émergées. Le reflux se fait actuellement, et dans un mois, le terre réapparaitra.
Mais où donc nous abritons-nous la nuit ? Dans un abri de pêcheurs, une plateforme sur pilotis. Vous reconnaitrez la cuisine, ma chambre, le salon, .... , et la salle de bains en bas à gauche (un radeau avec une petite bassine verte pour s'arroser) ... Donc, j'ai passé 4 jours sans prendre de douche !
Dans une cuisine de ce type (préhistorique), les plats sont à la hauteur .... Riz et poisson chat dans un bouillon de poisson, le tout avec des bananes plantain.
Les bananes plantain, c'est au petit-déjeuner, pour le déjeuner et pour le diner !!!
Et la journée, je rame sur le canoë pour découvrir cette forêt. Il a plus 3 jours sur 4 (le dernier jour a été ensoleillé). L'expérience est très sympa, tranquille, les bruits des oiseaux qui nous accompagnent, une palette de verts ... On oublie le monde, on est serein (et fatigué de ramer !!!)
Heureusement, nous ne sommes pas seuls dans la forêt
Les singes omniprésents ... Celui en bas à gauche est tout petit (20 cm sans la queue)
En haut à droite, un aigle Harpie avec la tête blanche. Il est capable d'enlever une bestiole de 30 kg sans problème. C'est un oiseau rare à voir.
A droite, un aigle qui me regarde avec une drôle de tête. A gauche, un hibou.
Et dans le fleuve, il y a aussi des dauphins, des otaries .... Je n'ai pas réussi à en photographier !
Il est temps de reprendre le fleuve à contrecourant .... C'est long, mais on y arrive. Mototaxi, et enfin une douche !
Le lendemain, 4 heures debout, le rapido qui me ramène à Yurimaguas part à 5h00. ET voiture, Et avion ...
Le soir j'arrive à 23 heures dans le petit appartement que j'ai loué (avec machine à laver !!!! mes affaires en ont bien besoin, tout sent l'humidité )
LIMA ... Je sors à 23 heures, j'ai faim. Le quartier où je loge grouille de monde, et je n'ai pas de difficulté à trouver un bon hamburger à emporter.
Le quartier est sympa.
Un peu d’histoire :
LIMA, est une ville au passé mouvementé. Construite au bord du Pacifique, sur une falaise dominant la mer, elle a subi plusieurs tremblements de terre … destruction et reconstruction, souvent de manière désordonnée.
A cela, il faut rajouter les guerres, l’émergence de civilisations et leurs déclins : Huari, Yschma, Incas et en 1500, les espagnols qui font de cette ville la « Cité des Rois ». C’est d’ici que partent tous les bateaux, chargés de l’or pillé en Amérique du Sud, pour l’Espagne.
En 1746, un tremblement de terre détruira tout. Ce seront des églises, de grandes demeures qui seront reconstruites en premier.
1821 : indépendance
1879 – 1883 : guerre avec le Chili, Lima est assiégée, les chiliens prennent tout ce qu’ils peuvent !!! NB : il y a toujours (encore en ce moment) des tensions entre Chili et Pérou !!!
1950 : tremblement de terre … Il faut tout reconstruire … 660 000 habitants alors 1980 : des groupes rebelles des Andes attaquent … l’armée défend … Tous les réfugiés arrivent à Lima dans des bidonvilles …
1992 : Lima est sous la pression de groupes terroristes (explosion d’un camion piégé dans le quartier de Miraflores), et s’ensuit des années sombres dont le Pérou se remet à peine.
Aujourd’hui, Lima, ce sont 10 000 000 d’habitants (le 1/3 du Pérou), une sécurité très présente partout (malgré cela, la ville reste peu fréquentable la nuit, sauf dans peu de quartiers), et une scène culturelle qui émerge.
Et remontons encore les années …
Nous sommes en 200 après JC … des indigènes de culture Lima (Liméens) construisent une pyramide HUACA PUCLLANA (qui se trouve aujourd’hui au milieu de Lima) afin d’adorer leur Dieu de la Lune.
C’est une pyramide en adobe (briques de terre et torchis séchées au soleil) qui va servir aux grandes manifestations et aux offrandes. Les offrandes étaient de jeunes hommes et femmes sacrifiés, et laissés ainsi sur le sol de la cour; l’année suivante, le sol était recouvert, enterrant les restes, et de nouveaux sacrifices étaient réalisés.
Ce qui est intéressant, les briques en adobe ont été posées comme des livres sur une étagères, sans être jointoyées. Entre chaque lit de briques, une couche d’adobe. Ainsi, la pyramide suit les mouvements du sol (les « livres » bougent les uns contre les autres), et a résisté aux tremblements de terre.
En l’année 600 Les Huaris arrivent, soumettent les liméens, et transforment la pyramide en monument funéraire. Ils font des trous dans les sols et murs pour enterrer leurs morts nobles, dans des sarcophages, comme des momies, en position fœtus. Et comme tous les autres indigènes, les morts sont accompagnés de leur entourage (femmes, enfants, domestiques, chien, …) que l’ont retrouve avec un gros trou dans le crâne !
Depuis une quarantaine d’années, des archéologues travaillent sur le site, et on imagine qu’il faudra encore plus de 30 ans pour tout découvrir.
Le deuxième jour, je fais une belle visite : la Casona San Marco Cela commence avec les Jésuites, et un riche donateur espagnol, en 1602. Les Jésuites construisent un collège pour les jeunes qui veulent entrer dans leurs ordres.
En 1771, les jésuites se font virer, et prend place un Collège de prestige d’où sont sortis prix Nobel, présidents, et autres intellectuels.
En 1861, le collège est élargi à une Université, qui devient au début du XXéme siècle un lieu de débat politique et intellectuel. L’Université (un peu comme notre Sorbonne) restera ainsi jusqu’en 1995, pour devenir jusqu’à maintenant un centre culturel doublé d’un petit musée.
A noter : tous les poteaux sont en bois de cèdre, et voir le plafond de la salle des Graduates entièrement peint. L’ensemble a été rénové grâce à des dons de l’Espagne.
Et maintenant quelques vues de Lima.
Comme toutes les villes d’Amérique Latine, le plus intéressant à voir est ce que les espagnols ont construits entre les années 1500 et 1800 environ. Ensuite, l’expansion exponentielle de ces pays n’a pas laissé de place à la construction de beaux monuments !
En résumé, des places (Mayor, de Armas, etc…), de belles demeures (des riches espagnols) …
La Plaza Mayor avec ses balcons en bois, et la Présidence de la République.
A côté de mon appartement, un parc : El Parque Kennedy qui a une particularité sympathique : ce parc est habité par des chats, une centaine au moins ! Ils sont nourris, soignés …
Ils sont beaux, câlins, et se promènent sans peur ! Les gens s’assoient sur les bancs, et les chats viennent se faire câliner ! Entre les chiens qui se promènent et les chats, aucune guerre, ils s’ignorent.
Et une association est sur place pour pouvoir adopter un chat. Personnellement, je pense que les chats sont bien plus heureux dans leur parc, que dans un appartement !!!
Lima, c’est fini, départ pour Ica, 5 heures de bus. Je commence mon tour du sud du Pérou. Nous allons traverser un désert qui me rappelle le Maroc, la Mauritanie … Des montagnes de pierres et de sable.
Ce soir, je dors à Huacachina, un oasis … un vrai comme dans le Sahara, sauf que celui-ci ressemble à une station balnéaire.
Un petit lac central, des palmiers autour, et des hôtels, des restaurants et des boutiques de souvenirs !!! Nous ne sommes qu’à 5 kilomètres d’Ica, et à 70 km de la mer. Les dunes sont bien en sable.
Les péruviens n’aiment pas marcher – 200 mètres, c’est le maximum – alors ils montent sur les dunes grâce à des buggies 12 places. Ils restent assis sur la dune un bon moment et redescendent de la même manière. J’étais le seul à monter et descendre à pieds !
Après une nuit bercée par les moustiques, debout à 6 heures, on vient me chercher à 6h45 pour le Canyon de los Perdidos.
Pas de petit déjeuner ce matin, la cuisine de l'hôtel ouvre à 7h00 !!!
Le Sud Est du Pérou est un désert, qui ressemble à celui du Maroc, plutôt des pierres et des montagnes que du sable (à part Huancachina où j'ai dormi).
Nous voici partis pour jouer les sardines en boite dans un minibus, 2 heures de trajet.
C'est bien un désert, avec le Rio Ica qui passe au fond. Il y a de l'eau dans le Rio 8 mois dans l'année.
Et voici devant nous la faille qui forme le canyon
C'est un canyon qui a été découvert en 2007 par des pêcheurs qui cherchaient un raccourci pour aller au village. Ils l'ont appelé le Canyon Ocre, du fait de sa couleur.
Quelques années plus tard ( 2012) des journalistes ont eu vent de ce canyon et sont venus pour en faire un reportage. Sur les 3 équipes, une s'est perdue (on l'a retrouvée !!!). Donc, dans leur article, en "hommage" à cette équipe qui s'est perdue, ils ont intitulé l'article "el canyon de los perdidos". Les touristes, en lisant cette histoire, ont accourus, et se sont perdus ... Du coup, le nom est resté.
En 2019, la région a décrété le canyon comme Site touristique, et les Tours se sont mis en place.
Malgré tout, peu de touristes, il fait 40° à l'ombre.
Le canyon fait 2 km de long, 150 mètres de large et 50 mètres de haut. Nous avons eu de la chance d'y voir de l'eau - c'est grâce à El Nino -, la dernière fois qu'il y a eu de l'eau, c'était en 2007.
Un petit tour en surface, une balade au fond, et on recommence à jouer aux sardines pour rentrer.
Retour à l'hôtel pour récupérer mes bagages, et direction le Terminal de Bus. C'est parti pour 5 heures pour atteindre Nasca. Bien sûr le bus a du retard, j'arrive à l'hôtel à minuit.
8 heures du matin, un taxi pour l'aéroport et survoler les lignes de Nazca.
Avant de nous envoler, qui sont les Nazca qui ont donné leur nom à la ville :
Une culture qui a existé de 200 av JC à 600 ap JC. Ils succèdent aux Chivas (800 avant JC) et aux Paracas (800 à 200 avant JC). C'est bien vieux tout ça !!!
Pour honorer leurs Dieux (la lune et les étoiles), ils ont tracé au sol des figures qui correspondraient (conditionnel) à des constellations, telles qu'ils les voyaient.
Les dessins ont été faits dans un désert aride, qui contient beaucoup de cuivre. Les pierres à la surface sont oxydées. Résultat, cette oxydation fait qu'avec le soleil, la température au sol est très élevée, l'air est très chaud et monte. Et en montant, l'air empêche les poussières de se déposer au sol. Et voilà pourquoi ces dessins, qui ont 2000 ans, sont toujours aussi visibles.
Il y a 2 sortes de dessins : des lignes formant des triangles de plus de 100 mètres de long, et des dessins représentant des êtres (humains ou animaux)
La sauvegarde des lignes de Nazca est due à une ..... allemande (bien sûr) Maria REICHE, connue comme "la femme aux lignes". Elle les a étudiées, mais surtout les a défendues auprès de l'état péruvien afin que ce soit reconnu comme site archéologique. Elle a vécu 40 ans dans une petite maison de terre, sur une colline à côté des lignes pour les surveiller !!!
Comme vous le voyez sur la grande photo (avec les triangles), l'état n'a pas hésité à tracer sa propre ligne (autoroute panaméricaine) en traversant le site !!!
Heureusement Maria Reiche y est arrivé, et nous pouvons les contempler aujourd'hui.
Que veulent dire ces lignes ? Cela reste encore un grand mystère non résolu. Il y a plus de 700 lignes et 300 figures géométriques et 70 animaux. Alors extraterrestres ou pas ?
L'explication donnée par Maria REICHE, est que c'était dirigé vers l'eau (la pluie, les sources, etc...). Nous sommes dans un désert ou la moyenne annuelle de pluie est de 20 minutes. Donc ces lignes sont pour amadouer les Dieux pour avoir de l'eau ...
Mais qui saura un jour ????
A noter : les animaux dessinés (singe, colibri, araignée, ...) n'existaient pas dans cette région, ce qui veut dire que des commerçants ou nomades les ont amenés d'autres régions.
Je vous laisse à vos réflexions ....
Je redescends sur terre, et, comme il n'y a rien d'autre, me voici reparti dans le désert à la découverte d'autres sites. Sites qui sont laissés à tout vent, non travaillés.
D'abord, je vais voir les Paracas (avant les Nazcas). Ils m'attendent bien sagement dans leurs tombes, bien conservés.
Dans la partie du désert au-dessus, on estime à plus de 200 le nombre de tombes comme celles de dessous. Mais personne ne fouille ou ne s'en préoccupe. Seuls les guides râlent beaucoup après le gouvernement.
Les tombes qui sont ouvertes sont celle qui ont été vandalisées. Comme les vandales n'ont trouvé ni or ni objet précieux, ils ont tout laissé en place, tel que nous le voyons aujourd'hui, et n'ont pas cherché plus loin.
Les momies sont bien conservées car elles ont été séchées dans des tissus de coton - cela montre que 500 ans avant JC, les Paracas savaient tisser. Les viscères étaient séchées, mélangées avec du piment et autres conservateurs naturels et remises en place. Les corps étaient placés en position fœtus - pour cela les tendons étaient sectionnés, et les corps attachés - Et ils regardaient MAMPACHA qui est la mère Terre représentée par les montagnes.
Un petit coup de désert encore (toujours 40°, et des km de voiture non climatisée dans la poussière), et je reviens au Nazca, et leur monument le plus important (25 pyramides) pour célébrer les Dieux et recevoir les offrandes et sacrifices.
Et maintenant que je ressemble à une momie dans sa gangue de sable, il ne me reste plus qu'à monter dans mon bus pour rejoindre Cusco - la capitale Inca.
Je passerai les détails de ce trajet de bus qui fût long, très long, bien qu'il ne dura que .... 16 heures ! La route est très belle (de nuit, aucun intérêt), mais surtout tourne tout le temps.
Enfin, je suis à CUSCO (avec un "S" en espagnol, un "Z" en français)
CUSCO est une très belle ville, héritage des Incas et de l'occupation espagnole, à partir du XVIéme siècle.
CUSCO a été la capitale de l'Empire Inca, et est devenu un centre urbain complexe avec ses édifices religieux, et édifices administratifs bien séparés. Les techniques de construction en pierre possédaient des qualités esthétiques et structurelles exceptionnelles. La cité était réservée à la noblesse (aux Incas, le peuple étant les Quechuas), et était bien délimitée par rapport aux quartiers voisins (agriculteurs, artisanaux, industriels, etc...). Il ressort que la capitale inca était très bien organisée.
Lors de la conquête espagnole, après avoir éliminé le dernier empereur inca - Atahualpa - le général espagnol Pizarro est venu rapidement envahir Cusco, et en ont fait la plus grande ville espagnole au Pérou (la conquête de Lima est venue ensuite). Les monastères, églises, belles demeures, ont étaient édifiées au-dessus des édifices incas (pour récupérer les pierres, et peut-être aussi pour faire disparaître une civilisation), mais sans en changer l'organisation, ni les rues, ni la configuration.
Le tout a créé une ville unique, représentant une fusion quasi j parfaite entre deux périodes. La ville est devenue l'expression artistique de la royauté, pendant que des familles espagnoles s'octroyaient des terrains pour y installer leurs fincas.
L'ensemble de la ville est aujourd'hui cohérent (merci les Incas), et sous presque tous les bâtiments espagnols, on retrouve, en soubassement, les murs incas. La ville présente aujourd'hui 3 000 ans d'évolution, puisqu'elle existait bien avant l'arrivée des Incas.
Côté touriste, la ville est vraiment belle. Contrairement aux autres villes où les belles rues restent autour de la place d'armes, tout les centre étendu de Cusco présente la même harmonie, tous les bâtiments sont aussi esthétiques.
Petite précision : Cusco est à 3 600 mètres d'altitude, alors on sent bien les montées et les escaliers !!!
Trêve de blabla ... quelques photos
C'est une grande fresque murale, réalisée en 1992, retraçant toute l'histoire de Cusco.
Après cette immersion en ville, me voici dans un minibus à 4 heures du matin pour aller voir la montagne aux 7 couleurs. C'est une image qui est souvent montrée après celle du Machu Picchu.
Nous sommes à plus de 5 200 mètres d'altitude ... ce qui veut dire que la moindre montée est éreintante ... Nous avons marché et monté plus d'une heure ! Mais le spectacle en valait la peine.
Demain, je pars vers le Machu Picchu ... mais avec un petit sac léger, donc sans ordinateur.
Prochaines nouvelles dans ???? une bonne semaine.
Me revoici, après une semaine, riche en mauvaises émotions ... Et pour le sumum, je me suis fait volé mon téléphone portable.
C'est déjà une galère en France, mais lorsqu'on est au Pérou, et que cela arrive un samedi, veille de la Fête des Mères au Pérou, la galère prend l'aspect d'un grand paquebot ...
Finalement, c'est l'absence du téléphone qui nous montre à quel point on en est dépendant. Sur le téléphone, certaines applis s'ouvrent sans demander de code ou autre ... Donc, j'ai voulu m'empresser de changer les mots de passe pour les bloquer !!! impossible, car pour changer le mot de passe, l'appli envoie un code sur le téléphone pour valider ... J'ai fait tout ce que j'ai pu, sans toutefois être trop inquiet, car je pense que les voleurs ont réinitialiser le téléphone sans essayer de l'ouvrir, et ainsi ont effacé tout ce qui était à l'intérieur. Je garde malgré tout les 2 yeux ouverts ...
C'est un choc de se faire voler ainsi. Comment me direz-vous ? Du monde dans la rue, c'est la veille de la Fête des Mères (la fête la plus importante au Pérou, bien plus que la fête de l'Indépendance). Un croisement, le feu passe au vert, je m'avance comme tout le monde, en gardant mes mains dans les poches pour protéger mon téléphone. On me marche sur le pied, pendant qu'un autre me pousse en avant. Réflexe, je sors la main de ma poche pour me rattraper devant. 2 secondes avant de réaliser, je remets ma main sur ma poche, et je sens une main qui sort de la poche avec le téléphone. Je me retourne, mais il y a trop de monde ... Et voilà !
Dorénavant, je fuirais les foules !!!
Malheureusement, ce vol de "cellular" est très courant ici. Ce sont les vénézuéliens qui arrivent par centaines, et qui, à 92 %, vivent de vols et d'agressions. Et, il y a 4 000 000 de vénézuéliens au Pérou.
La Fête des Mères ... Pourquoi une fête aussi importante ? Les péruviens croient en la PACHAMAMA , c'est la mère de la terre (Pacha), et elle est vénérée depuis des milliers d'années, même bien avant les Incas. La fête a duré tout dimanche et toute la nuit qui a suivi. Fleurs, Repas (restaurants pleins), cadeaux ... et même des les écoles, samedi, les Mamans ont été à l'honneur : il se trouve que j'étais hébergé vendredi soir par une famille (argentine, vivant à Chinchero), et ils m'ont amené à la fête de l'école samedi. Tous les enfants étaient en costume de la ville, ont chanté, récité des poèmes pour les mamans, dansé, etc... Frais, intéressant, plaisant .... Mais bien sûr, pas de photos, elles sont restées dans mon téléphone volé.
Gentiment, Juan, avec qui je suis allé à la fête de l'école, m'a envoyé quelques unes de ses photos (il aime le noir et blanc). La petite fille blonde est la sienne. Les couleurs sont vives (rouge, bleu, jaune...) .. C'est mieux que rien (voir la suite ...)
Après cet interlude, je reprends mon voyage.
Cusco ..... Montagne des 7 couleurs (qui est depuis une semaine sous la neige ... pus qu'une couleur, le blanc)
La suite : la Vallée Sacrée, avec comme point culminant : le Machu Picchu (en Quechua, la vieille montagne).
Nous entrons donc dans la période Inca (134 ans de règne ...). Il est important de comprendre que les Incas n'ont pas laissé d'écrits, de dessin sur les poterie, ou autres indices pouvant expliquer la signification de leurs construction. Il y a beaucoup de suppositions, peu de certitudes. Vous aurez droit aux suppositions ..
Sur la route de la Vallée Sacrée (qui est une vallée au fond de laquelle coule le fleuve sacré),
Premier site sur la route : Tipon
Ce sont des terrasses qui ont servi de laboratoire aux Incas pour des cultures, des modifications de plantes, ... Les Incas avaient compris l'importance de la nourriture pour le peuple, et de la bonne nourriture pour la noblesse.
4 fontaines pour arroser les terrasses, des aqueducs qui sont encore aujourd'hui fonctionnels, des murs de pierres pour tenir les terrasses (beaucoup ont été reconstruits).
Dans les ères Inca et pré-incas, une dualité était toujours présente : Le Soleil / la Lune, le Bien / le Mal, l'esprit / le corps .... Il en est de même pour les fontaines qui vont toujours par 2.
L'agriculture au Pérou est très développée depuis des millénaires : 4 000 types de pommes de terre sont recensés, de même, plus de 10 types de maïs, etc... Et cela date de plus de 10 000 ans, et a toujours cours aujourd'hui.
Pour info, les pommes de terre plantées au-dessus de 2 700 mètres n'ont pas besoin de traitements chimiques, car à cette altitude aucune maladie ou bestiole n'attaquent les pommes de terre.
Deuxième site sur la route : Pisac
Encore des terrasses, avec un village très bien conservé. On peut y voir les maisons de nobles, des ouvriers, et une "forteresse" qui semble garder la vallée. Pourquoi les terrasses sont assimilées à des "laboratoires" : elles sont trop petites, trop longues à construire, pour servir une agriculture de "masse". Donc laboratoire + nourriture des nobles.
D'un côté les terrasses, de l'autre côté le cimetière (les corps étaient momifiés et mis dans les trous de la montagne)
Les maisons des nobles perchées sur la colline. Nous sommes à plus de 3000 mètres d'altitude, et tous les déplacements, les portages de sacs, etc..., se faisaient sans aucune aide mécanique ... Les Incas étaient certainement très forts.
Dans les murs, on observe des cavités : ce n'est pas pour y mettre des Dieux ou offrandes (sauf dans les temples), mais servaient d'armoire pour y mettre les effets particuliers (vêtements, objets, ...)
3éme site de la Vallée Sacrée : Ollantaytambo
"Tambo" en Quechua représente un ensemble où des personnes vivent, avec des parties dédiées aux voyageurs (mais je crois l'avoir déjà expliqué).
La particularité de cette petite ville, est qu'au-delà de ces terrasses et demeures, les maisons du village d'aujourd'hui sont construites sur les fondations Incas, ainsi toutes la structure de la ville ainsi que les rues sont conservées.
Une nuit à Ollantaytambo, petite ville très agréable (et très touristique), et enfin, je reprends ma route vers le site sacré ...
Pour aller au Machu Picchu, un minibus m'amène jusqu'à Hydroelectrica (c'est une centrale électrique fonctionnant avec une chute d'eau ... construite par les français). Il n'y a rien, c'est le bout de la route.
De là, il faut aller jusqu'à un petit village (qui est au pied du Machu Picchu), soit en train (35 $), soit à pieds (2h30 de marche facile). Comme il pleuvait, je n'ai pas hésité, et je suis monté à pieds (économies !!).
NB : le petit train (qui vient en fait de Cusco) de luxe est géré par une filiale de LVMH !!!
Après cette balade, un village Aguas Calientes ... ravitaillé uniquement par le train. ET à partir de ce village, soit un bus pour nous amener jusqu'au site, ou pour les plus courageux, à pieds. (400 mètres de dénivelé, 2 heures de montée). Je ne peux pas être courageux tous les jours, j'ai pris le bus. Et dans le bus, on double tous les halos des lampes frontales des marcheurs.
Je suis dans le 2ème bus qui monte, mon ticket d'entrée est pour 6h00 (du matin), le premier groupe qui entre. Les visiteurs sont répartis pour ne pas avoir trop de monde sur le site en même temps, et l'UNESCO (car le site est classé) a limité le nombre de visiteurs à 5000 par jour. Mais actuellement, il n'y a quasiment pas de touristes.
Enfin, me voici au Machu Picchu, quasiment seul. Extraordinaire, Majestueux, aussi Waouh que sur les photos :
Et moi alors .. (il pleut, oui !)
Le Machu Picchu (la vieille montagne) s'appelle ainsi car les bergers qui l'ont découvert lui ont donné le nom de la montagne qui domine le site. Nous ne savons pas comment les Incas l'avaient nommé.
Nous ne savons pas non plus à quoi servait le site : visiblement, y habitaient, des nobles, des prêtes, des astronomes, des cultivateurs, etc, et une demeure pour Pachacutec... Une ville complète qui devait compter 5 000 âmes. Mais pourquoi faire ?
Concernant l'endroit : reculé, sur un site où on trouve déjà beaucoup de pierres pour construire. Il y a de l'eau qui est amené par des aqueducs de plus de 3 km. Les éternelles terrasses pour que toute cette population mange.
Sur la première photo, les nobles en haut, les prêtres au milieu, les ouvriers en bas. Tout le monde avait son logement. Pour la petite histoire, les maisons n'avaient pas de toilettes, les personnes allaient au bout des terrasses où étaient aménagées les toilettes (qui servaient d'engrais). Une exception, la maison du plus noble, qui avait une pièce avec une jarre à cet effet.
Quelques incas que j'ai croisés :
Les astronomes, afin de ne pas se tordre le cou, regardaient les étoiles dans des miroirs d'eau. Ainsi, il était plus facile de mettre des cordes pour quadriller le ciel, et tracer une carte du ciel.
Un calendrier solaire trône sur le site, il était utilisé par les prêtres pour calculer les périodes de semage, récolte, etc...
Comment construisaient-ils ? On ne sait pas comment étaient acheminés les blocs de plus de 8 tonnes parfois. Certains viennent d'une carrière à plus de 3 km (et ce n'est pas du terrain plat !!!).
Il semble que les blocs étaient taillés en place dans le mur, ce qui expliquerait leurs ajustements parfaits. Le bloc était prédécoupé en "carrière", puis amené jusqu'à sa position finale. Là des ouvriers le taillaient, et ensuite le polissaient pour éliminer les bosses et les poignées ou supports de leviers.
4 heures à arpenter le Machu Picchu. Je suis vraiment heureux d'y être.
Maintenant, bus pour la descente, je demande à ce qu'il m'arrête au "Puente", je gagne 2 km de marche sans aller jusqu'à Aguas Calientes ... 3 heures de marche pour revenir, c'est en descente, mais j'ai déjà 4 heures de montées bet descentes dans les jambes. Chance, il y a un taxi colectivo qui est prêt à partir.
Je vais jusqu'à Santa Teresa, de là, un colectivo (minbus) va m'amener à Quillabamba.
Je dors chez une française installée à Quillabamba. Nous avions échangé sur des projets à monter dans cette ville. En résumé, pas de résultat. La mairie a proposé 2 projets intéressants, mais ne répond plus à mes demandes complémentaires ...
Pas de chance, sur 5 jours, 2 jours de pluie - ce qui est exceptionnel à cette époque qui est la saison sèche. Des cascades à voir autour de la ville, de petites randonnées ... Une vie pépère en somme !
Je ne vous montre pas une cascade, mais un arbre qui produit le café, si certains n'en n'ont jamais vu :
Les graines sont ramassées à la main, puis séchées (en général sur une bâche), ensuite il faut enlever la peau dans une machine rotative à main. Les graines sont grillées ... Et voilà. Simple .. mais difficile de faire du bon café !
Auto colectivo ... me voici reparti pour Chinchero. Je verrai 2 beaux sites incas sur la route ... faute de photos restées dans le téléphone, je passe.
Chinchero : village à près de 4000 mètres d'altitude ... ce qui veut dire que chaque pas coûte, et que j'ai eu l'impression de passer la nuit dans un congélateur ...
Un site inca, on reconnait les terrasses, les empilements parfaits de pierres. Lorsque les espagnols sont arrivés, ils ont détruits la partie supérieures des maisons et temples pour construire leurs propres bâtiments.
L'église est absolument superbe à l'intérieur, tout est peint, de multiples tableaux et sculptures sont posées dans la nef, la charpente est en bois .... Les photos alors ? Il est interdit de photographier à l'intérieur, et un garde surveille ..
Une nuit dans mon congélateur avec 5 couvertures, la fête de l'école, le bus jusqu'à Cusco, mon téléphone qui s'évanouit, .. Voilà l'histoire qui recolle avec le début.
Bus de nuit (j'en ai marre) et 16 heures plus tard, je suis à Aréquipa, 2ème ville du Pérou avec plus de 2 millions d'habitants, qui ne renie pas son passé colonial espagnol.
2 après-midi cloitré dans ma chambre à essayer de trouver des solutions suite à la disparition de mon téléphone, et de la suspension de ma ligne française. Je commence à en voir le bout, reste quand même un gros morceau avec ma banque (demain ...). J'en profite pour faire ma déclaration d'impôts (même ici, il faut y penser).
Malgré tout, je fais un tour en ville, jolie bourgade bien calme.
Le centre ville, la place d'armes, et beaucoup de cours ainsi décorées (il s'agit d'un mélange entre la culture inca et espagnole).
Le site le plus célèbre d'Aréquipa : le couvent Santa Catalina. Des femmes de l'âge de 12 à 14 ans y ont vécu, jusqu'à leur mort, sans jamais en sortir !!! Elles étaient 80 environ. C'était des jeunes filles de bonnes familles, et elles avaient leur chambre particulière, richement décorée.
Aujourd'hui, dans une partie plus moderne, il y a encore 15 jeunes filles. Mais elles ont internet. En revanche, interdiction de croiser un homme. Si une intervention est à faire par un homme, les volets doivent être fermés, et une sœur passe devant avec une clochette pour s'assurer que toutes les jeunes filles soient bien rentrées.
Avec les chambres, les maisons (pour les plus riches), les rues, les cours, cela ressemble à un vrai village.
C'était donc la visite du matin ...
Le lendemain matin, changement de décor. Départ 5h40 pour 2 heures de piste, et voir les Lagunas de Salinas.
C'est un immense lac de sel. Le sel est remonté à la surface suite à des mouvements géotechniques, et lorsqu'il pleut, l'eau fait remonter le sel à la surface. Le site est exploité comme une mine de sel (par une entreprise italienne)
Après cette belle balade en pleine nature, ou comme bien souvent nous sommes seuls sur le site, je vais commencer à remonter vers les Nord et les Andes pour atteindre la dernière étape de mon passage au Pérou : le Lac Titicaca.
Plus de 9 heures de route, et je vais les faire en 2 jours avec un "bus touristique". C'est un mini-bus (16 places) qui va m'amener en s'arrêtant sur les sites intéressants (et régulièrement dans des restaurants avec toilettes !!!).
Dans ce bus, une guide nous explique ce que nous voyons. J'ai de la chance, la guide est vraiment intéressante.
Premier arrêt, un volcan encore en activité, au milieu d'une chaîne de volcans (il y a plus de 400 volcans au Pérou, dont 19 en activité) - On voit la fumée qui sort du cratère.
Tout au long de la route, la guide nous expliquera comment reconnaître à quelle altitude nous sommes, simplement en regardant autour de nous :
de 0 à 500 mètres : c'est le désert
De 500 à 2 500 mètres, les premiers cactus brûlés par le soleil
De 2 500 à 3 500 mètres, les mêmes cactus en vert, des champs, les premiers lamas, etc..
De 3 500 à 4 500 mètres, c'est l'altiplano, une zone humide avec des étangs. L'eau descend de la montagne suite aux pluies
Au-dessus de 4 500 mètres, ce ne sont plus que rochers, et une végétation très peu dense.
Nous passons un col à 4 950 mètres ... 2 personnes sont malades dans le bus, le mal de l'altitude qui se traduit pas un gros mal de tête.
Altitude, une habitude au Pérou. Voilà plus de 3 semaines que j'oscille entre la Côte - moins de 100 mètres au-dessus de la mer - à plus de 5 000 mètres au passage des col, avec des séjours à 4 000 mètres. C'est très fatigant ... Au-dessus de 3 000 mètres, il est très rapide de s'essouffler, 10 marches, une montée, un effort ... Je commence à avoir l'habitude, et je gère plutôt bien mes efforts .
3 heures plus tard, nous arrivons à Chivay, petit village incas revu et corrigé par les espagnols, dans une vallée riche en agriculture. Le but est d'aller voir le Canyon du Colca : un canyon de plus de 1 200 mètres de profondeur.
Après ces grands efforts, j'ai droit à barboter pendant 2 heures dans des eaux thermales bien chaudes. Tout le monde a bien apprécié.
Le soir, restaurant touristique, avec plats typiques et danses ... Que du touristique !!!
Une bonne nuit dans un hôtel très froid. Depuis quelques nuits, j'ai pris l'habitude d'entasser les couvertures pour dormira u chaud !!! Mais qu'il est difficile de se lever !
Ce matin, nous partons voir les condors : c'est l'oiseau qui a la plus grande envergure (jusqu'à 3 mètres, les ailes dépliées), et il ne peut pas voler en battant des ailes, donc, il se sert des courants ascendants pour se déplacer. Il peut monter à plus de 6 000 mètres d'altitude, et faire plus de 500 km dans la journée. C'est un oiseau en voie de disparition : il vit 70 ans environ, ne fait qu'un œuf tous les 2 ans à partir de ses 25 ans ! C'est un charognard.
Je vais en voir beaucoup.
Je change de bus, et me voici parti pour 6 heures jusqu'au lac Titicaca. Dans le bus, les personnes sont sympas, des français, 2 italiens, et 3 brésiliens. En particulier, je rencontre une jeune femme qui fait le tour du monde avec son fils de 9 ans. Elle a acheté un billet "tour du monde" et voyage ainsi depuis 10 mois et demi.
J'arrive à mon hôtel, il fait nuit, je ne vois rien. La réceptionniste est très sympa, elle me fournira un petit chauffage, et une couverture en plus. Dommage, l'eau de la douche est à peine tiède.
Le lendemain, départ pour mon île sur le lac Titicaca. Un bus local pendant 1h30, et un bateau collectif, très très lent m'amène sur l'île. La famille où je loge habite de l'autre côté de l'île, et ce sont des motos qui servent de taxi. Il n'y a aucun autre véhicule à moteur sur l'île.
Globalement, je suis déçu par le Lac Titicaca, je m'en faisais un idée d'un lac un peu désertique logé à 3 800 mètres. En fait le tour du lac est très peuplé, et la plupart des îles largement habitées.
Je vais loger pendant 2 nuits sur l'île d'Amantani.
La maison, la cuisine. Je vais leur apprendre à faire des œufs à la coque, car eux ne les font que durs ! Les repas sont très identiques (une soupe de légumes de leur jardin, la même à chaque repas, et du riz aux légumes ...), c'est plutôt bon, et cela réchauffe.
Dès que le soleil se couche, la température baisse à 4 ° ?environ.
L'île sur laquelle je suis (comme toutes les autres) est très agricole; très peu de pêcheurs. Les cultures se font en terrasses; accessibles uniquement à pieds. les hommes et femmes montent avec leurs outils, et redescendent avec les sacs de pommes de terre sur le dos (environ 30 kg). Mais seuls les "vieux" continuent à travailler ainsi, les jeunes se tournent vers le tourisme ...
Des terrasses et des terrasses
Et de l'eau ...
Effectivement, il n'a pas fait toujours très beau ...
Une particularité, les îles flottantes. Elles sont faites de roseaux, bambous, etc... ne sont donc pas posées sur le sol du Lac. Dessus des maisons et des personnes qui y habitent. Elles vivent en communauté suivant des règles strictes d'entraide. Si une famille ne suit pas les règles, les autres découpent le bout d'île du réfractaire, et ce dernier part en voguant !!!
Dernier jour au Pérou, le soleil se couche ... Demain je serai en Bolivie
Ainsi se clôt cette très longue page sur le Pérou. J'ai trouvé ce pays intéressant, j'y ai passé plus de temps que je le prévoyais, j'y ai fait de belles rencontres ...