Encore un bus, une frontière, et me voici en Bolivie, à Copacabana, sur le côté bolivien du lac Titicaca.
J'ai voyagé ce matin, 5 heures de bus, facile ! Lors de l'entrée en Bolivie, 2 américaines n'avaient pas leur visa, et nous les avons attendues plus d'une heure. Elles ont payé le visa + la pénalité ... 166 dollars !
Le passeport français (et européen en général) est un bon laisser-passer. Pas besoin de visa, les tampons sont vite mis.
Copacabana - à ne pas confondre avec celui du Mexique ou du Brésil - est une petite ville touristique. Depuis le Covid, et les émeutes du Pérou voisin, les touristes boudent la ville, et tout est bien vide.
En une demi-journée, j'ai eu le temps de déjeuner, et de faire le tour de la ville, 2 fois au moins. Le soir, le soleil se couche, et il fait très froid. Avec le soleil 14°, sans le soleil 4°. Et ici rien n'est chauffé, ni les restaurants, ni les chambres d'hôtel, et bien souvent pas l'eau de la douche.
Ce soir, à priori j'aurai de l'eau chaude dans le douche - au lavabo, il n'y en a jamais - je prendrai ma douche après avoir raconté cette première demi-journée.
Je suis passé au marché, j'ai acheté un avocat, des fruits, que j'ai mangé dans ma chambre. Ce qui est bizarre ici (comme au Pérou), c'est qu'il y a beaucoup de fruits dans les marché, mais on ne voit personne en consommer. En particulier, il n'y a pas de dessert lors d'un repas.
Ensuite, un douche chaude (?) - elle n'est jamais brulante, plutôt tiède - et sous les couvertures !
Demain, j'ai pris un tour pour aller voir d'autres îles sur la lac Titicaca, ça m'occupera. Une excursion d'une journée coûte 8 €, je ne me ruine pas !!!
Quelques photos, j'ai trouvé le lac plus beau vu de ce côté, car la vue est beaucoup plus dégagée, et j'ai eu plus cette impression d'immensité.
La plage, puisqu'il y a de l'eau. Certains se baignent, pourtant l'eau est extrêmement froide, j'ai mis une main dedans pour vérifier !!! La plage surveillée par Mango Capac et Mama Ocllo, puisqu'il ont été engendrés sur le lac, sur l'île du soleil.
Et l'éternel coucher de soleil. Je l'ai fait puriste, je n'ai pas mis ma bière en premier plan !!!
Ca matin, lorsque je suis sorti de ma chambre, vers 7h00, l'herbe était blanche ! La température est descendue au-dessous de 0° cette nuit. Ce matin, j'ai pris mon petit-déjeuner avec 2° C, sur la terrasse, sans chauffage ... Je n'ai pas traîné !!!
A 9h00, je pars pour la "Isla del Sol" avec un bateau qui avance à 3 km/h. Cette île est celle d'où sont partis les Incas en 1400.
Après une heure de bateau, nous approchons de l'île.
Plus 40 minutes de montée (à 3 900 mètres d'altitude), je suis arrivé sur la montagne sacrée.
Ah sacrés Incas ... Maintenant, j'ai une idée bien plus précise de l'origine des Incas. Non, ils ne sont pas nés dans le lac Titicaca, mais en viennent.
Tout d'abord, les Incas ne s'appelaient certainement les Incas à leur époque. Ce nom est arrivé bien plus tard, peut-être avec les espagnols.
En fait, il était une fois, vivait sur le bord sud du lac Titicaca, une tribu : les Huanacos. Ils vivaient de pêche et d'agriculture.
Un jour, vers 1400, est arrivé de plus au sud un peuple conquérant, qui avait décidé d'occuper cette rive du lac Titicaca. Nos futurs incas (ou ce qu'il restait de ce peuple) s'est sauvé. Ils étaient une petite cinquantaine, ont pris des barques et se sont réfugiés sur Isla del Sol. Ils se sont installés au nord de l'île, le plus loin possible des envahisseurs.
Là, ils ont trouvé un rocher sacré qui dégageait une énergie immense, et qui avait la forme d'un Puma (c'est la 1ére photo ... OK il faut de l'imagination !!!). Ils se sont donc installés sur ce versant de la montagne, et ont construit leur village.
Lorsque, bien plus tard, les conquérants se sont calmés, et les ont oubliés, les Huanacos ont décidé de partir à la recherche de terres plus hospitalières. Ils ont construits des bateaux en paille (pas de bois sur l'île) et ont traversé le lac vers le Nord. Ils ont touché la terre ferme au niveau de la ville de Puno aujourd'hui.
A partir de là, l'exode les a amenés, 700 km plus loin, dans une vallée où ils édifieront leur capitale CUSCO. Les Incas sont nés, Mango Capac et Mama Ocllo ont commencé le règne (ils ont vraiment existé).
Lors de cet exode, ils ont croisés des peuples qu'ils ont "soumis" à leurs lois. Plutôt que "soumis", je pense que les Incas ont mis en place une organisation sociale, commerciale et communautaire qui a été acceptée par ces peuples. En particulier, lorsque que les Incas sont arrivés à Cusco, ils ont trouvé les Quechuas qui sera "leur" peuple.
Les Incas qui parlaient Huanaco ont décidé que la langue générale serait le Quechua, renforçant ainsi l'identité du peuple qu'ils soumettait à leurs règles. Mais si les Incas ont parlé le Quechua, ils ont aussi gardé leur langue d'origine (pendant toutes les générations), distinguant ainsi la catégorie noble du peuple.
Ainsi, nous retrouvons bien les 2 classes : la classe noble et dirigeante : les Incas, et le peuple ; les Quechuas.
Ce qui est intéressant est de voir la différence de construction entre les maisons de la Isla del Sol (en pierres non taillées) et celles de Cusco (en énormes pierres bien arrangées). Les Incas lors de leur exode ont certainement rencontré des peuples qui savaient tailler les pierres, et ont ramené les meilleurs à Cusco. Ils feront de même avec tous les meilleurs artisans qu'ils trouveront au fur et à mesure de leur expansion (joailliers, textiles, sculpteurs, céramiques, etc...)
Comment ont-ils pu imposer leurs lois à ces peuples ? En combien de temps ? Il faut convenir que Mango Capac et ses compagnons avaient un fort pouvoir de persuasion, car ils n'étaient pas assez nombreux pour s'imposer par la guerre.
Voilà ce que je crois être le véritable commencement des Incas.
Ma balade à Copacabana s’achève … Je n’ai vraiment plus grand-chose à voir. Au passage, j’achète des gants en Alpaca, 2,5 € la paire … J’ai peur d’avoir froid dans le désert du Salar. Ils sont un peu petits, les gens des Andes ne sont pas bien grands.
13 heures, je suis dans le bus … Le bus va suivre un long moment le lac Titicaca, et devra même le traverser.
Pour traverser le lac Titicaca, en son point le plus étroit, des barges attendent les véhicules. Nous descendons du bus, et nous traverserons dans un petit bateau à moteur. Nous attendons dans un village qui n’en est pas vraiment un. Le bus, lui, embarque sur un de ces pontons flottants, mus pas des moteurs sans puissance, donc à très petite vitesse. Le bus arrive enfin, un coup de klakson, et nous remontons pour 1 heure environ.
Et à 17 heures, La Paz m’accueille.
La Paz est la capitale la plus haute du monde à 3 800 mètres d’altitude, 10 000 000 d’habitants y vivent. Elle s’est construite sur un plateau, entouré de montagnes qui culminent à plus de 5 500 mètres d’altitude, d’anciens volcans. Ils sont actuellement recouverts de neige, et seront de plus en plus blancs, l’hiver commence dans l’hémisphère sud …
Mon hôtel est bien situé, de l’eau chaude en abondance et des couvertures en nombre suffisant – ce sont les deux points les plus importants.
Une balade le soir avant de dîner (c’est-à-dire vers 18h00, dîner à 18h30 …. Normal ici). Entrée, hamburger, bière, pour moins de 10 euros, et en plus, c’est très bon.
Le lendemain matin, me voici parti pour visiter La PAZ. Ici le métro est remplacé par un téléphérique, ce qui permet d’avoir une belle vue sur la ville.
A l’extérieur de La Paz, une curiosité géologique : la Vallée de la Luna … Ce sont des roches qui ont été érodées par la pluie, et qui forment aujourd’hui un champs de cheminées de fées.
Encore un bus, un bus de nuit, ce sera la dernière fois. Le nom de l’entreprise est prédestinée : Empresa TITICACA. J’avoue me méfier un peu, sur internet, les bus sont notés 2,5 / 5. En fait, je vais être agréablement surpris : le bus est presque neuf, nous avons chacun une petite couverture, et une dame va nous distribuer un sandwich en guise de dîner. Et surtout, le bus est chauffé, et je vais passer une nuit au chaud, ce qui ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Cerise sur le gâteau, la route est plutôt droite. En conséquence, une nuit plus tard, j’arrive plutôt frais (il est 6h00 du matin, et -2°C), plus en forme que je ne le pensais pour démarrer mon tour dans le Salar d’Uyuni.
Il me faut un peu d’argent liquide pour acheter de l’eau, et quelques nécessités. Un distributeur avale ma carte et ne me la rend pas !!!! Une heure plus tard, la banque me la rendra après avoir ouvert le distributeur …
Quelques courses rapidement, et je me retrouve dans mon 4x4 prêt à partir.
Bonne surprise, dans la voiture, il n’y a que des français (sauf le chauffeur !!!). Un couple qui habite Lima (30 ans), et 3 étudiants (25 ans) qui font une année de césure à Santiago du Chili. Nous voici donc entre jeunes pour ces prochains jours …
La voiture se charge, il faut emmener nos repas pour les jours suivants.
Première étape, après 30 mn de route (nous sommes à la sortie d’Uyuni) : le cimetière des trains. Ce sont des trains qui ont servi à amener le minerai en bord de mer pour l’expédier. Ces trains fonctionnaient au charbon, et celui-ci devenant de plus en plus cher, ce moyen de locomotion a été abandonné au profit des camions.
Deux ou trois photos, et tout le monde remonte dans la voiture (j’ai de la chance, je suis devant !), et c’est parti pour le Salar d’Uyuni.
Le Salar est une immense étendue de sel (180 km X 60 km) qui s’est formé lorsque les plaques tectoniques se sont choquées. Cette ancienne mer asséchée est remontée presque à la surface. Lorsqu’il pleut, le sel remonte par capillarité, à raison de 1 à 3 cm d’épaisseur par an.
Cette vaste étendue est exploitée, tant pour le sel, que pour des minerais rares qui sont juste sous la surface de sel.
Actuellement, le manque de pluie fait que le Salar est presque à sec. Nous ne verrons d’une toute petite partie recouvert d’eau (3 cm).
Lorsque le Paris – Dakar a abandonné l’Afrique, la course a traversé le Salar.
Difficile de traduire une telle étendue sur quelques photos. Le paysage est impressionnant, blanc à l'infini.
Après 2 heures passées sur cette surface de sel, à faire quelques photos de nous dans différentes mises en scènes (je ne les ai pas encore, et attends qu’on me les envoie), nous continuons notre route. Il faut encore plus d’une heure pour sortir du Salar, et alors nous retrouvons une piste, en pas très bon état comme il se doit.
Quelques paysages féeriques, un train que nous ne verrons pas passer, … , il ne fait pas très beau, le ciel est couvert (du coup, les températures restent positives …. Pour le moment). Nous sommes au-dessus des 4 000 mètres d’altitude.
La suite du programme, ce sont les lagunas. En fait des lacs, qui sont encastrés entre des montagnes et qui sont alimentés uniquement pas les eaux qui viennent des montagnes les surplombant (neige ou pluie). Au contraire, un lac (Lago en espagnol) est alimenté par des rivières qui le traversent. L’eau vient donc du sous-sol dans les lagunas, et en remontant à la surface, va entrainer nombre de minéraux présent dans le sous-sol (cuivre, phosphates, fer, ….) et donner ainsi des couleurs différentes à chacune des laguna (avec le ciel couvert, ces couleurs ne sont pas évidentes).
Malgré tout, le spectacle est grandiose, une étendue d’eau à 4 000 mètres d’altitude entourée de montagnes qui culminent jusqu’à 6 000 mètres, des couleurs qui vont du vert profond aux marrons, rouges … Et sur quelques une de ces lagunas, des flamands roses, blancs, viennent chercher leur nourriture.
Au-delà de ces étendues d’eau, c’est le désert qui nous accompagne. Une immense étendue de sable volcanique, des restes de lave, et rien à l’horizon.
Nous roulons sur la piste, avec à l’horizon les montagnes enneigées. Photo Malgré tout, cachés – sans plus – dans quelques rochers de lave, des habitants de la famille des Chinchillas. Ils nous regardent sans peur, et éventuellement accepteraient bien quelques miettes de nourriture.
Adieu petits Chinchillas, nous allons rejoindre la prochaine lagune rose ... avec ses vigognes et ses flamands roses
Il faut passer le col à 5 000 mètres d'altitude, plus haut que le Mont-Blanc, avec moins de fatigue, car si la voiture peine à monter, elle avance doucement.
AU col, les geysers, et le froid. Il fait - 4°C ... Impossible de se mettre dans la chaleur des fumerolles, cela sent bien trop mauvais !
ET la neige se montre, le paysage devient blanc. Rien d'anormal, nous sommes au début de l'hiver ici.
Direction le dernier hôtel pour ma dernière nuit en Bolivie ... L'hôtel est au milieu de nulle part, son seul intérêt est d'avoir une source chaude à proximité.
La température descend à - 8°C, il faut bien que cette nuit soit mémorable !!! L'avantage est que nous restons tout habillés, tant pour le dîner que pour nous mettre au lit !!! Mes habits seraient trop froids pour les mettre le matin.
Dans ma chambre, je vais retrouver la bouteille d'eau gelée le matin !!! Du coup, pas de toilette !!!
Un thé le matin, histoire de me réchauffer. Il faut le boire très vite car il refroidit encore plus vite. Dans la salle commune, tout le monde est engoncé dans ses affaires, bonnet sur la tête. Je suis très content de mon bonnet acheté eu Equateur !!! Il me sert beaucoup.
Je suis à 50 km de la frontière chilienne. Mon guide ne veut pas m'y emmener (1 heure aller, 1 heure retour). Heureusement des véhicules vont à vide jusqu'à la frontière pour charger des personnes étant au Chili et voulant faire le Salar d'Uyuni.
A 7h00, je suis dans une voiture, et je roule vers la frontière.
La frontière bolivienne est une simple cahute en adobe, en plein désert. Des personnes, comme moi, y viennent pour sortir de Bolivie, des bus (réservés en avance) nous attendent côté chilien pour nous emmener à San Pédro de Atacama (e passant la frontière chilienne)
C'est un joyeux croisement de groupes ou personnes seules, les unes (20 %) venant de Bolivie pour aller au Chili (comme moi), les autres (80 %) venant du Chili pour faire le Salar d'Uyuni (qui reviendront dans 3 ou 4 jours au Chili)µ.
En fait, à ce poste frontière (ouvert pour les touristes) les véhicules ne traversent pas. Donc de San Pedro de Atacama, des minibus amènent les touristes à la frontière, et ceux-ci sont repris par des 4x4 boliviens pour faire le circuit Salar / Lagunas, et vice et versa.
Tout le monde s'est levé tôt, il fait très froid, nous sommes en plein désert à plus de 4 000 mètres d'altitude .... je ne vois que des personnes heureuses d'être là. Personnellement, je trouve cela grisant, exceptionnel, unique. Je suis aussi heureux que tous les autres.
Nous parlons, nous échangeons sur nos voyages ... Etonnamment, la plupart de ces personnes voyagent depuis plusieurs semaines en Amérique du Sud. L'âge moyen est de moins de 30 ans pour 80 % d'entre elles, et plus de 50 ans pour les autres 20 %. Beaucoup de français et d'allemands.
Mon passeport est tamponné, sans difficulté ...
Je suis prêt à monter dans le bus, direction le Chili ...
Devant moi, un dernier regard vers la Bolivie (je regrette de ne pas y avoir passé une ou deux semaines de plus), derrière moi, le Chili ...