CHILI - Dernière étape ... bouclée




La Bolivie est derrière moi, le minibus m’amène au Chili. Nous nous arrêtons à la police et douane du Chili. 

Si le poste, comme en Bolivie, est perdu en plein désert, il est bien plus moderne et très fonctionnel. Notre minibus entre dans un sas, dont la porte de sortie est fermée. Nous attendons notre tour, car 2 minibus sont devant nous. 

Ca y est, nous pouvons sortir du bus : 

- Première étape, la police et un tampon sur mon passeport + un ticket à garder précieusement pour sortir du pays

-  Deuxième étape, sortir nos bagages du minibus et les poser sur une table pour être fouillés. C’est plutôt bon enfant, devant moi des coréens ont une bouteille de vin colombien, les douaniers leur ont dit que, seul le vin chilien pouvait être importé …. Pour finir par leur dire que c’était une plaisanterie !!! Malgré tout, tout produit comme les fruits et légumes sont interdits à l’entrée; et effectivement, une autre touriste a dû manger rapidement sa mandarine pour ne pas la jeter. Personnellement, je n’avais rien de répréhensible, je peux refermer ma valise et la remettre dans le bus. La porte du sas s’ouvre, et nous avançons vers San Pedro de Atacama.


Le poste frontière, c'est le petit bâtiment à droite .. 

Immédiatement, la différence avec la Bolivie saute aux yeux : la route est asphaltée, des bandes jaunes au milieu et sur les côtés, des panneaux … rien à envier à l’occident. J’arrive dans un pays moderne, et qui le montre.


San Pedro de Atacama : 

J’avais lu sur internet qu’il fallait payer l’entrée du Parc Naturel, et que le montant était fixé à la tête du client. En fait, il n'en est rien, encore une preuve des mensonges sur internet, rien à payer, et le minibus s’arrête sur un grand parking de terre vers le centre de la ville. Pas très difficile d’être proche du centre de la ville, c’est tout petit. 

Maintenant, je traîne ma valise jusqu’à l’hôtel … Merci Maps.me qui m’aide à y arriver. Mais une fois devant l’emplacement indiqué, pas de pancarte, rien … Je reste perplexe, sonne à une porte, personne ne répond. Heureusement un jeune couple de français arrive, et ils ont une carte téléphone du Chili. Ils appellent, et un homme sort de la maison 50 mètres plus bas. 

Ca y est, je suis arrivé à l’hôtel … Hôtel est un bien grand mot, il y a 4 chambres … Disons chambres d’hôtes. Ma chambre est assez grande, des couvertures en nombre suffisant, une douche chaude, et une cuisine commune à disposition. Je suis content puisque j’ai décidé d’y passer 4 nuits, histoire de recharger mes batteries. 

Mais ... pas d'internet à l'hôtel, l'hôte nous explique que le modem est en panne !!! C'est un point très négatif

Douche (ça fait du bien après 3 jours sans se laver), une sieste, et je vais en « ville » … 10 minutes à pieds. 

San Pedro de Atacama me fait penser à une ville du désert marocain, quelques rues se croisent à angle droit, pas une maison avec un étage, toutes faites d’adobe, voire peintes en blanc de temps en temps. Une ville qui ne renie pas ses touristes : la rue principale ne compte que des tours opérators, des restaurants et des boutiques de souvenirs.

 Beaucoup de touristes déambulent, sans but, mais il n’y a aucun but à avoir ici !


J’ai quelques courses à faire :

 •Tirer de l’argent (je vais éviter d’utiliser ma CB qui s’est coincée à Uyuni, heureusement j’en ai une autre) 

•Manger … Eh oui ! J’ai faim 

.Acheter une carte SIM pour avoir internet (ce n'est pas cher ici, 3 euros)

•Trouver un Tour Opérator pour réserver des circuits 

•Acheter de l’eau, au minimum 


Quel programme ! Mais je vais y arriver ! 

Deux heures plus tard, tout est fait. 

Un peu de géographie : 

San Pedro de Atacama est situé dans le désert le plus aride du monde. Le village est construit dans une cuvette coincée entre la cordillère de Domeyko et les Andes, à 2 438 mètres d’altitude (et ça fait du bien d’être un peu moins haut !). 

Des scientifiques ont suivi la pluviométrie dans un village pas très loin de San Pédro, la moyenne de pluviométrie calculée sur 50 ans est de 0,7 mm par an !!!! Autant dire qu’il ne pleut pas, d’autant plus que 3 années de suite, il est tombé 1,2 mm …. 

Le désert d’Atacama est limité à l’est par une ligne volcanique, qui marque la frontière entre le Chili, la Bolivie et l’Argentine. Cette barrière naturelle est composée de volcans encore actifs, dont certains dépassent les 6 000 mètres d’altitude. Au loin, on aperçoit un volcan – 6 300 mètres d’altitude -, c’est le 3ème volcan le plus haut en Amérique Latine. Dans ces montagnes, les lagunes se font la part belle, et plus haut, les geysers grondent. Le désert d’Atacama est renommé pour ces nuits étoilées, sa très faible pollution atmosphérique, et le plus grand télescope au monde – ALMA – est installé sur une montagne en face de nous. 

Pourtant ce désert va jusqu’au Pacifique … Mais les vents porteurs de pluie viennent de l’Atlantique (donc côté Brésil) et sont bloqués par la cordillère des Andes. Côté Brésil, c’est l’Amazonie, côté Chili, c’est le désert. Et pour accentuer cette sécheresse, l’anticyclone de l’île de Pâques, accentué par le courant froid Humbold, empêche toute formation de nuages qui pourraient venir jusqu’à Atacama. En conséquence, il est facile de garantir un temps sec et ensoleillé dans cette région. Côté températures, comme dans tous les déserts, la nuit il fait moins de 0, et le jour, parfois plus de 20°C (ce qui est le cas en ce moment).

Le désert d’Atacama est riche, très riche en minerais, du cuivre, du fer, de l’or, de l’argent, du salpêtre, mais aussi, dans ce désert, se trouvent les plus gros gisements de lithium au monde. 

Et n’oublions pas l’industrie touristique qui n’est pas anecdotique : les paysages, la cordillère des Andes, les geysers, la culture des Atacamenos, le ciel nocturne, etc… 

Les Atacamenos sont le peuple qui habite ici depuis des millénaires (les Likan-Antaï). Ils ont su dompter ce désert si aride, en s’installant le long des rios, en domestiquant le peu d’eau qu’ils trouvaient, en l’amenant avec des canaux jusqu’aux champs. 

Aujourd’hui les habitants sont un joyeux mélange de ce peuple et des touristes qui se sont installés ici. J’ai eu pour guide une femme (55 ans) qui vit ici depuis 20 ans. 

Bien sûr les Incas sont passés par là en 1450, et puis les espagnols en 1540 … 

La ville, hors des touristes, vit des mines qui sont autour, en particulier une énorme mine de cuivre, et de l’extraction du sel. 

Et le tout donne un village tranquille où il fait bon se balader à ne rien faire dans les rues !!! Faire le tour de San Pedro d’Atacama est facile, il n’y a que 2 rues animées : Caracoles et Toconao … Ici se concentrent tous les restaurants, les Tours Opérators, les boutiques … 

Et les rues sont en terre, stabilisées avec un dérivé de sel, qui leur confèrent un air un peu ancien, et qui donne beaucoup de charme à ce village.

Revenons à mon programme ...

J’ai retenu une agence pour mes tours, ils avaient l’air sympas !!! J’ai pris 3 tours, un par jour + une soirée pour observer les étoiles (même si la lune commence à être un peu trop lumineuse).

Surprise Je ne peux plus me connecter à WhatsApp ... Finies les discussions avec le France ! 

Allez, vite une sieste car ce soir, c'est observation des étoiles de 9 heures à 1 heures du matin. 

Nous sommes partis en minibus en plein désert, à quelques kilomètres de San Pédro. Le guide était sympa, j'ai vu la lune et les étoiles ... Rien à redire. (Le, guide me doit une photo de moi avec les étoiles en arrière plan ... j'attends !!!)

Retour à l'hôtel, je me dépêche de dormir, car demain, c'est un circuit d'une journée que je fais, et on vient me chercher à 6h15.

Exact, un message sur mon téléphone, on m'attend dehors. Il fait froid (3°C), mais j'ai l'habitude, je suis très bien couvert.

Dans le bus, déjà une jeune femme. Nous serons 5 pour ce circuit + le chauffeur + le guide. 5 = 1 jeune couple français, 1 italien, la jeune femme brésilienne, et moi. Un petit groupe, c'est sympa.

Au grand dam de l'italien, je suis assis sur la première banquette à côté de la jeune brésilienne !!! J'apprendrai plus tard qu'elle est dans le même hôtel que moi ...

Cette journée, avec ce groupe, sera très sympa. 

Nous allons faire 400 km dans des paysages désertiques, surmontés par des volcans dont la cime est enneigée ... Somptueux. 

Premier arrêt, le petit-déjeuner, sous des acacias .. Une table est mise avec une nappe, un vrai buffet, le guide nous fait même des œufs brouillés (pour une fois, pas trop secs).

Une heure après, nous voici devant la première lagune, une petite marche s'impose.

Les volcans me fascinent, ils se dressent, bien coniques, dans le ciel bleu.

Nous continuons à marcher (pour moi, plutôt facile puisque l'altitude est plus basse que ce que j'ai vécu, mais les autres .... ils soufflent ! Ah les jeunes d'aujourd'hui !!!). 

Et nous continuons (en voiture ...) jusqu'à découvrir une nouvelle lagune colorée. Ce sont les eaux en remontant du sous-sol qui ramènent les minerais qui s'oxydent au contact de l'air + des micro algues.

Pour une fois, je ne me mets pas au milieu ...

Retour, il faut revenir à San Pedro ... Sur le passage, nous croisons quelques habitants du coin ... (Vigognes, et Autruches des Andes)

Un arrêt, et quelques flamands "blancs" nous attendent pour une photo (mais pas si proches que ça !)

Ce soir, c'est dîner avec ma co voyageuse éphémère et 2 autres brésiliens. Étonnamment, les brésiliens ne comprennent pas automatiquement d'espagnol .. Un bon vin chilien (Carménère) et nous nous comprenons mieux. 

Une belle journée qui se termine.

En me promenant le lendemain matin, en attendant le tour du jour, je me suis aperçu que les personnes qui voyagent seules sourient toutes seuls, le regard sans cesse en mouvement pour admirer le maximum de choses. Du coup, je me suis intéressé aux couples qui passent près de la moitié de leur temps, à se regarder (pour discuter ...). Alors d'ici à en conclure qu'on profite mieux seul, je n'irai pas jusque là !!!


C'est reparti, aujourd'hui c'est la Valle de la Luna (si vous avez suivi, il y en avait aussi une en Bolivie). En fait, ce sont les mêmes formations géologiques qui ont été érodées par la pluie (il y a des millions d'années). Ici, nous sommes sur un format plus grandiose.

Nous sommes un petit groupe de 4 : un brésilien, et un jeune couple de français, et moi ...

Le coucher du soleil sur le volcan qui domine San Pedro de Atacama 

Retour à San Pedro de Atacama ... 

Pour mieux repartir le lendemain matin. Le minibus vient me chercher, et surprise, nous sommes les mêmes que la veille, plus sympa ...

Nous partons pour les montagnes colorées (cette fois-ci elles sont vertes, car c'est du sulfate de cuivre). N'oublions pas avant un petit-déjeuner, dans un coin perdu où nous avons l'impression d'être seuls au monde dans un paysage lunaire.

Notre petit endroit avant d'y mettre le minibus, la table ... et nous autour !

Allez, une petite marche d'une heure pour digérer ... et pour admirer ces montagnes de couleur verte.

Sur la route du retour, nous croiserons des Guanacos ... et cela me remplit de joie, car je n'en avais encore jamais vus !

Avant de quitter définitivement (pour cette fois-ci) le désert d’Atacama, et surtout les Andes au sein desquelles je me frigorifie depuis presque 2 mois, je me dois de rendre hommage aux animaux les plus importants des Andes, ceux grâce à qui toutes les expansions ont été possibles : les caméléïdés. 

Il y a quelques 30 000 ans, existaient paisiblement dans les plaines des Andes 2 types de caméléïdés, à l’état sauvage : les Vigognes (ici Vicuñas), et les Guanacos. Ils ont survécu à tous les temps, et paissent toujours aussi tranquillement dans les hauts-près … Ils sont toujours à 100 % sauvages, et ne peuvent pas être domestiqués. 

Les vigognes, aujourd’hui, sont protégées dans toutes les Andes, au-delà de tous les pays (Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, …). Leur laine (on ne peut les tondre qu’une fois tous les 3 ans), est la plus chère du monde, car la plus fine. Leur poil, lorsqu’il pousse se divise en 4 ou 6 donnant un fil encore plus fin. En général, ce sont les chinois qui achètent cette laine, la mélange avec de la soie pour en faire des étoles très luxueuse. En conséquence, je n’ai pas acheté de pull en vigogne !!!! 

Revenons à nos moutons anciens …. Et à 30 000 ans en arrière. Les peuplades, ne pouvant domestiquer Vigognes et Guanacos, les ont croisés pour en faire des Lamas (Llamas ici) et beaucoup plus tard des Alpacas. 

Les lamas ont essentiellement servis de bêtes de portage (un lama peut porter 80 kg sur une pente abrupte), et ont permis à ces peuples de s’étendre vers d’autres territoires, emportant avec eux tous leurs biens. Aujourd’hui, les lamas sont encore utilisés ainsi dans certaines parties reculées des Andes, pour aller aux champs. Ce n’est plus une vision commune. 

Et les Alpacas ont été « créés » pour la laine (bien meilleure et plus douce que celle des lamas) et pour la viande (excellente pour la santé, car pas de cholestérol, pas de gras, etc…). Les lamas, comme les alpacas, sont à 100 % domestiqués, et vivent en troupeaux gardés par des bergères  assises sur leur monticule.

En résumé : Dans les plaines, à l’état sauvage, les vigognes – petites et gracieuses – et les Guanacos –plus grands et plus rares. En troupeaux domestiqués, les lamas (plutôt grands et fins) et les alpacas (ressemblent à des moutons au long cou, bien gros grâce à leur laine) Et bien sûr, il y a aussi des moutons ! 

Et pour bien faire la différence, ci-dessous : En haut : Vigognes et un Guanaco En dessous : Lamas, un Alpaca et un baby Alpaca (NB : des pulls en baby alpaca sont vendus, mais il s’agit de la première coupe d’un alpaca adulte, et non la laine du baby – qui mourrait de froid si on lui enlevait son pelage)


Un dernier arrêt pour voir des pétroglyphes (dessins sur la pierre datant de quelques milliers d'années)

Et si les lamas ont existé, cela veut dire que des humains ont vécu dans ces terres qui semblaient un peu plus humides. Des traces d’humains ont été retrouvées dans le désert d’Atacama, datées de 12 500 ans avant JC. Des pointes de .  flèches, des pierres taillées, etc…) 

Ils étaient essentiellement chasseurs, et pouvaient aller jusqu’à la mer pour pêcher Au-delà des années 9000 av JC, les instruments se perfectionnent et les os sont utilisés pour la chasse. 

La domestication des lamas se fait à partir des années 3 000 av JC, en même temps, qu’arrivent les céramiques, les plats pour la cuisine, pour les offrandes, … , les bijoux … Vers les années 2 000 à 500 av JC commencent les constructions de maisons, temples, etc… Une vie sociale s’organise. 

San Pédro de Atacama était une ville de transit pour les caravanes, le commerce, qui traversait de l ’Amazonie au Pacifique.


Cela conclut mes balades dans la région de San Pedro de Atacama.

San Pedro de Atacama, Adieu …. Je prends un bus pour Calama où je passe la nuit avant de prendre l’avion pour Santiago du Chili (j’avoue en avoir eu un peu marre des bus, et préféré l’avion à 22 heures de bus !) 

Calama, je l’ai su plus tard, est une ville dangereuse, surtout le soir. Ca tombe bien, j’y arrive à 6h30 du soir, il fait nuit. Mon logeur, en fait, vient m’attendre au terminal de bus, et nous irons ensemble, jusque chez lui, en taxi. 2 semaines auparavant, un couple a pris un faux taxi, et s’est retrouvé à l’extérieur de la ville, dépouillé de tout ! Calama est une ville minière, avec des gens riches (ceux qui travaillent dans la mine) et les pauvres qui tentent de prendre aux riches ce qu’ils peuvent !!! 

Une nuit tranquille, aéroport de Calama, et Aéroport de Santiago du Chili (1ère fois, sur 4). 

L’aéroport de Santiago du Chili a été remodelé pendant la période du Covid. Il est immense. Je vais y passer 4 fois, la dernière, ce sera le 12 juin pour mon retour en France.


Santiago du Chili m’accueille au son des étudiants en révolte. Dans le taxi qui me conduit à l’hôtel, la conductrice a un peu peur de recevoir une pierre. 

Au milieu du boulevard que nous devons emprunter, des étudiants d’un côté, un camion lanceur d’eau de la Police de l’autre. Nous sommes dans le quartier universitaire (l’équivalent de la Sorbonne à Paris), et les étudiants manifestent ainsi depuis quelques jours. Tous vêtus de noirs, et cagoulés, ils démontrent leur courage en jetant des pierres sur le  camion de la police ! Et se sauvent en courant ensuite, alors que personne ne les poursuit ! 

A l’aide de la lance à eau, la Police va disperser les étudiants au milieu de la route afin que nous puissions passer sans encombre. Cela ressemble à un jeu bon enfant entre étudiants et policiers. 

Mais à Santiago du Chili, cela n’a pas toujours été ainsi : en 2019, alors que les gilets jaunes sévissaient en France, ici des émeutes éclataient, sanglantes, violentes : maisons brulées, administrations pillées et brulées, tirs de mitraillettes entre manifestants et forces de police, tags sur tous les murs de la ville, etc… Nos gilets jaunes puissance 100. 

Heureusement le Covid  est arrivé pour calmer tout le monde. 

Ici, le problème n’est pas la retraite mais la Constitution du Chili; c’est celle édictée par Pinochet, dictature il y a 40 ans, qui est toujours en vigueur. Il s’avère très compliqué de la changer démocratiquement, même si tout le Chili en veut une nouvelle. Les émeutes ont entrainé la, démission de l’ancien président. 

Le nouveau a mis une nouvelle constitution en référendum … 62 % de NON. Le Président revoit sa copie pour septembre. En attendant, les étudiants font entendre leur voix. 

Il semble que les plus grands changements à apporter dans la Constitution concernent l’éducation. Pinochet avait jugulé toutes les lois sur l’accès à l’éducation. 

Sur les murs de la ville les stigmates des émeutes de 2019 restent très visibles. Seuls quelques bâtiments près de la Présidence ont été repeints ou nettoyés, ailleurs, tout est resté tel quel; cela donne une apparence de désolation à la ville : quasiment tous les murs sont tagués, les bâtiments brulés, ou ceux où les traces de balles sont présentes, sont toujours dans le même état. 


Avec le tout, un sentiment d’insécurité durant la nuit, et il est fortement déconseillé de se promener après le coucher du soleil et la sortie des bureaux en centre ville. Le jour, vu le nombre de policiers, bien visibles, il n’y a aucun risque !

 Heureusement, le centre ville n’est pas le quartier des restaurants ! Je pourrai dîner. 

Santiago du Chili a pourtant des quartiers vivants, avec beaucoup de petits restaurants, des quartiers étudiants, d’autres plus chics … Ce n’est pas pour cela que l’ensemble ressemble à une ville, tout au plus une banlieue, avec ses immeubles sales et décrépis (même si la ville est propre) En résumé, cette ville ne me plait pas. 

On m’avait déconseillé d’y rester plus de 2 jours. J’y suis resté 1,5 jours, et c’est bien suffisant !

Quelques photos des beaux quartiers ...

Ci-dessus le Palais de la Moneda, Palais présidentiel, vu de devant et derrière, avec ce que voit le Président de sa fenêtre ... Il doit avoir une bonne réception pour son téléphone portable !!!!




2éme passage à l’aéroport, il est 6h00 du matin, et je m’envole pour l’île de Pâques – 5h05 de vol, 2 heures de décalage à l’arrivée. Je vole dans un avion LATAM (compagnie chilienne), très bien; l’avion est très récent, il y a de la place pour les jambes … L’avion est complet.

 J’apprendrai plus tard que, normalement, 12 avions par semaine desservent l’île. Actuellement, seuls 3 avions par semaine font le trajet : d’une part nous sommes hors saison, et d’autre part, la piste de l’aéroport est en pleine réfection. Résultat, des avions pleins, des prix de billets exorbitants, et peu de touristes sur l’île. 

Deuxième grand changement d’après Covid, les sites qu’on pouvait visiter sans problème auparavant, obligent à ce qu’un guide accompagne les visiteurs ! L’île a été fermée pendant plus de 2 ans, un rattrapage pour les habitants locaux. En fait, sur l’île, coexistent les guides officiels, et tous les autres habitants de l’île qui peuvent être « accompagnateurs » … Du coup, tous ces guides ont vu la manne leur arriver, une journée de guide coûte 130 dollars ! Comme un guide m’a gentiment dit, si tu as pu te payer le voyage, tu peux bien payer un guide !!! Et comme les guides sont malins, impossible de faire tous les sites sur un jour, il faut prendre 2 jours !!!! La saison étant ce qu’elle est, le peu de touristes, encourage certains à baisser les prix. 

J’ai trouvé une « accompagnatrice » qui pour 75 $ me fait faire tous les sites nécessitant la présence d’un guide. Il est évident qu’à ce prix, je n’ai pas droit au haut de gamme … aucune explication, une voiture tenant plus de l’épave, et une « guide » qui a passé plus de temps à recruter d’autres clients qu’à passer du temps sur les sites !!! 

Malgré tout, j’ai vu tous les Moaïs debout sur l’île.


L’île de Pâques n’a pas une histoire très ancienne, et malgré cela, nous ne savons pas grand-chose de cette population. Si ce n’était ces statues géantes, l’île ne susciterait aucun engouement. 

Les premiers habitants de l’île seraient arrivés entre les années 400 et 1200 après JC. Ce sont des polynésiens, donc une peuplade venue d’Asie. 


Pourquoi Île de Pâques ? Le vrai nom de l’île est RAPA NUI. C’est un navigateur hollandais – Jacob Roggeween – qui débarqua le premier sur l’île, le 7 avril 1722, et comme c’était le jour de Pâques, il lui donna ce nom qui est resté. Mais ici, c’est Rapa Nui, avec son seul village Hanga Roa. 

Le hollandais est reparti sans trouver à l’île un intérêt quelconque (il écrit que les hommes sont de type européen, se promènent dans le plus simple appareil, et vivent dans des huttes). 

1770 : un 2ème bateau accoste … Ce sont des espagnols. Ils dressent la première carte de l’île et continuent leur route. 

1781 : c’est le Capitaine Cook qui débarque, décrit un monde aride et difficile et repart 

1786 : au Tour du français, le Comte de La Pérouse de venir sur l’île. Il distribue des présents, et laisse un bon souvenir. 

1805 : les américains – chasseurs de baleines – viennent et enlèvent 12 hommes et 10 femmes  pour les aider à chasser les baleines. Ils les enchaînent au fond de la cale, et les détachent lorsqu’ils sont loin des cotes. Les 22 se jettent à l’eau pour rejoindre l’île. Les marins n’arriveront pas à les rattraper, et les abandonneront. 

1816 : un bateau russe accoste, mais après l’histoire précédente, est reçu à coup de pierres. Il n’insiste pasd et repart.

1862 : Les péruviens en quête de main d’œuvre envoie des mercenaires sur l’île récupérer les hommes. Ils en enlèvent 200, dont le Roi  Kai Mako’i et son fils Maurata. Avec ces hommes disparait la connaissance des tablettes Rongo-Rongo (qui étaient leur écriture – et qui n’ont toujours pas pu être déchiffrées). L’intervention de Monseigneur Jaussen, archevêque de Tahiti (Français), auprès de la France et de l’Angleterre pour faire pression sur le Pérou pour relâcher ces indigènes. Ce fût fait, mais seuls 15 d’entre eux rentrèrent sur l’île, amenant avec eux des maladies comme la tuberculose, qui causa des ravages. 

1868 : c’est un français qui débarque avec l’intention de développer l’agriculture et l’élevage : Jean-Onésime Dutrou-Bornier. Il va  arriver, épouse la « fille » du Roi, et mourra d’une chute de cheval ou assassiné !!! 1870 : Enfin quelqu’un s’intéresse à la civilisation locale. Ce sont des chiliens, et ils vont ramener à Santiago statues (en bois, pas des Moaïs), des écrits Ronog-Rongo, etc… 

1872 : ce sont les français qui embarquent une tête de Moaïs (qui repose aujourd’hui au Musée de l’Homme à Paris) 

1888 : les Chiliens débarquent et décrètent que l’île appartient au Chili … 


Fin de l’histoire d’une petite île qui n’avait rien demandé à personne, et qui a vu passer toute une civilisation souvent cupide, parfois sympathique, jusqu’à sa propre disparition.


Tout ici est un « Ahu », plateforme cérémonielle, qui borde le littoral. Sur certaines d’entre elles seront érigées les statues monumentales. Certains Ahu sont complétés par une chambre funéraire, plateforme crématoire … Elles sont recouvertes de pierres plates, avec des rampes inclinées en galets, et entourées d’un mur. 

Près des Ahu qui sont proches de la mer sont aménagées des rampes pour la mise à l’eau des pirogues.

Quelques chiffres 

On dénombre dur l’île 672 Ahus de 3 à 30 mètres de long,

887 Moaïs debout ou couchés, ou en cours de transport (autant dire qu’il y en a partout sur l’île), Dont 288 Moaïs debout, 397 à la carrière, et 92 en cours de transport vers leur Ahu   

104 chapeaux (dont certains font plus de 2,50 mètres de diamètre). 

Le Moaï le plus monumental – appelé « Le Géant » - fait 21,60 mètres de haut et pèse plus de 180 tonnes. Mais il est à la carrière. 

Le plus grand Moaï érigé est « Paro » : 9,80 mètres pour 75 tonnes (il a été amené de la carrière à plus de 7 km) 

Le plus petit Moaï « Poike » 1,13 mètre 


Les Moaïs étaient taillés directement dans la montagne de basalte. Comme le métal n’était pas connu, le tailleur utilisait des outils à peine plus durs que la masse à tailler. On ignore comment ils étaient retournés pour finaliser le dos, et comment ils étaient transportés.

Et maintenant pour bien faire la différence entre un Moaï et Moa ...


La disparition des Rapa Nui reste un mystère, et plusieurs hypothèses sont avancées : 

1 - Bouleversement climatique (déjà !), entrainant la disparition des alizés (qui sont bien revenus !!! J’y ai droit tous les jours !!!), provoquant la sécheresse des sols, et avec pour conséquence la famine. 

2 - La disparition de la forêt, à force de couper les arbres pour le feu, faire rouler les Moaïs, ou à fin de construction. Sans bois, plus de vie …. 

3 - Des guerres tribales. Les Rapa Nui – provenant tous de la même famille – étaient divisés en clans (6 ???). Et comme toute civilisation, ils auraient finis par se battre. Cela pourrait expliquer le nombre important des Moaïs qui ont été renversés. 

4 - L’esclavagisme au milieu du XIXème siècle : des trafiquants péruviens débarquent sur l’île et emmènent  de force les 1 500 hommes présents sur l’île, pour les forcer à travailler dans les mines sur le continents. Ils moururent tous. 


Toujours est-il que beaucoup sur l’île se disent descendants des Rapa Nui, même s’ils ont plus les traits occidentaux que asiatiques. Je n’ai pas retrouvé ici le même type qu’en Polynésie. Ils vénèrent tous le culte des Moaïs (peut-être pour faire perdurer la manne touristique …. ), et sont tous devenus sculpteurs !


L'île me fait penser à l'Irlande, très verte avec ses falaises ...


Et la force de la Nature dans une île perdue au milieu du Pacifique


Demain retour sur le continent pour mes 3 derniers jours.


Ultime étape de mes 5 mois de voyage en Amérique latine, Valparaiso.

VALPARAISO, deuxième ville du pays après Santiago du Chili, avec 2 millions d’habitants, elle est inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Elle est le siège du Congrès National (équivalent de notre Assemblée). Située à 100 km de Santiago, c’est un grand port de transit pour toutes les marchandises.

 C’est une ville en amphithéâtre, composée de la partie plane le long de la mer (occupée en grande partir par le port), et des collines (cerros) qui entourent la mer, comme des gradins et où la majeure partie de la population habite.


La partie basse est surtout occupée par les voies de communication, autoroute urbaine, voies ferrées (pour le métro), le port … et beaucoup de places où se tiennent les marchés et brocantes, où les jeunes viennent faire du sport en musique ....

Chacune de ces collines a son propre style, mais la plupart d’entre elles sont construites de façon hétéroclites, avec des maisons qui peuvent être en bois, en tôle ondulée, ou en briques. Elles sont souvent de couleurs vives, et sont habillées de dessins. Des ruelles, escaliers et câble car permettent d’atteindre les parties hautes.


Et pour finir, un retour à la nature en ville, un très bel arbre (un caoutchouc)



FIN DU VOYAGE .... Reste 20 heures de vol, mais qu'écrire sur 20 heures assis dans un avion ???